L’exposition « Les Flammes. L’Âge de la céramique »
L’exposition «Les Flammes. L’Âge de la céramique» se déploie au Musée d’Art Moderne de Paris, jusqu’au 6 février 2022, et fait la part belle à ce medium et ses rapports à l’art.
La commissaire Anne Dressen a pensé un parcours didactique et foisonnant – non sans clins d’œil – qui interroge les techniques, les usages et les messages du medium.
Longtemps marginalisée dans l’art du fait de son association au décoratif et de la dévalorisation de cette caractéristique, la céramique peut pourtant faire figure d’art de résistance : être le creuset de contre-esthétiques et d’engagements politiques.
Avant même l’avènement du design, la céramique questionne la séparation entre la notion de beau et celle d’utile et participe à interroger la frontière entre l’art et l’artisanat.

Au commencement, le feu
C’est par l’entremise d’un parcours transhistorique et didactique que « Les Flammes » prend place au Musée d’Art Moderne de Paris. Découpée en trois parties didactiques, rigoureusement définies, l’exposition aborde tout d’abord les techniques – terres, cuissons, façonnages de formes, types de décors – et permet ainsi au visiteur et à la visiteuse de s’approprier les termes propres au medium. Le terme de céramique désigne des objets fabriqués en terre et ayant fait l’objet d’une transformation physico-chimique irréversible. Le feu est l’élément de cette métamorphose, inspirant le titre de cette exposition.
Céramique et notion d’usage au sein des arts décoratifs
Le parcours se poursuit et développe les usages de la céramique.
Longtemps écartée des arts, ou assignée aux arts dits mineurs du fait d’une valeur d’usage en porte-à-faux avec une vision du beau kantienne comme désintéressée, la céramique ne cesse de questionner une définition traditionnelle de l’art.
Avant même l’avènement du design, des artistes s’attachent à nouer la notion de beau et d’utile et à contester la frontière entre l’art et l’artisanat.
La deuxième partie du parcours interroge ainsi cette notion d’usage selon trois catégories : les céramiques dites « fonctionnelles » qui relèvent par exemple des champs du domestique ou encore de l’architecture, celles dites « non-fonctionnelles, dysfonctionnelles et sculpturales » interrogeant une séparation pourtant mouvante avec la sculpture.
Enfin, les céramiques intégrées à des rituels incorporent à l’usage une dimension culturelle et symbolique, déplaçant la simple dichotomie fonctionnel/non-fonctionnel. Dans une perspective non uniquement occidentale, l’exposition questionne aussi, par exemple, une esthétique migei au Japon, qui valorise les arts populaires et revendique la beauté de l’utile.


Un art dit mineur ? Questionner les hégémonies
La dernière section de L’exposition «Les Flammes. L’Âge de la céramique», « Messages », déploie l’éventail des significations investies par la céramique contemporaine.
La céramique se positionne comme un medium métamorphique et polysémique avec des œuvres trompe-l’oeil, anti-classiques revendiquant une esthétiques sloppy aux formes « négligées », kitsch, politiques — féministes, transféministes, néo-rurales.
À revers d’une vision stéréotypique apolitique, la perspective investie par la commissaire Anne Dressen, spécialiste des pratiques artistiques officieuses et périphériques, vis-à-vis des beaux-arts traditionnels, et des liens entre l’art et l’artisanat et le décoratif, investit la céramique comme potentielle vectrice d’un contre-pouvoir.
L’exposition «Les Flammes. L’Âge de la céramique»

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